Route vers l'Ile de Kayts. |
Bonne nuit pour nous dans notre bonne guest house.
Lever 8h00
Bon petit déjeuner un peu sri lankais avec des strings hopper, une crêpe jaune fluo, lentilles et puis toasts, beurre, confiture, œufs banane, café.
Départ pour les îles.
Les îles qu’on va voir, ont toutes un accès qui permet d’y aller en voiture.
Première île, Mandativu, toute petite, sur laquelle la route nous mène à un petit temple de rien du tout, Véro les appelle, des temples de poche. Tout est plat mais l’océan n’est pas visible. Dans le temple, un homme nettoie les représentations divines en écoutant une musique qui ne fait pas religieux. Tout le monde a droit à la techno.
Demi-tour, et direction l’île de Kayts. On a l’impression d’être posé sur l’océan. L’eau est partout tout le long du trajet, jusqu’au village de Kayts où nous nous rendons.
Il y a un ferry qui fait la liaison avec l’île de Karaitivu. Ferry, est un bien grand mot pour un pont métallique sur flotteurs, qu’un moteur de hors-bord permet de déplacer pour se rendre vers l’île de Karaitivu. Il ne passe que des piétons, des vélos, des motos. Nous irons sur cette île par la route un autre jour.
On visite la petite ville et notamment le marché, où les gens nous accueillent avec beaucoup de sympathie. Notamment un couple que Véro prend en photo avec son smartphone, pour leur envoyer tout de suite la photo sur leur compte Gmail.
On boit un coup dans un restaurant où déjeune une femme venant de Mongolie, qui semble être en couple avec un Suisse, et ils se parlent dans une langue qui est peut-être du chinois.
Véro photographie trois générations de femmes, grand-mère, mère, fille. Elles se précipitent dans la rue car leur bus arrive.
On a raté le ferry de 11h30 pour le photographier, il est déjà parti.
On repart, et on va prendre la route du bus qui n’est pas celle par laquelle on est venu, mais une petite route moins carrossable.
De chaque côté des ruines de maisons, en partie détruites et sans doute pillées. Les portails sont encore cadenassés, comme si les gens étaient partis avec l’espoir de revenir.
C’est en s’arrêtant près d’une de ces maisons détruites que l’on voit le mur d’une école qui est peint de grandes fresques.
Une dizaine de tableaux décrivant des scènes concernant l’immigration, les visas, les passeports. Une des représentations que je trouve forte, présente sur le bas du tableau une scène horizontale avec des silhouettes noires qui tombent d’une barque et se noient, et au-dessus une scène aussi horizontale, représentant des occidentaux dans des jardins de belles maisons et des personnages manifestement insouciants.
Dix scènes comme ça, ici où ils sont directement concernés parce que l’armée omniprésente leur confisque leur pays.
Un homme, qui doit être l’instit de l’école, vient nous dire que ce sont les élèves qui ont réalisé ces fresques murales. Ils ont sans doute été aidés, mais ça fait certainement partie de leurs préoccupations ou de celles de leurs parents. On peut aussi appeler ça du street art, mais dans ce cas ces thèmes ne sont pas souvent abordés.
On poursuit notre route pour aller voir le point d’embarquements de Kurikadduwam pour les îles de Nainativu et de Delft Island.
Arrivés au ponton, on déjeune dans le restaurant Island View qui appartient, ainsi que l’hôtel, à deux jeunes suissesses d’origine sri lankaise tamoule et que gère leur oncle qui habite ici.
Puis on va sur la jetée, qui s’avance bien de 500m dans l’océan, pour prendre le bateau qui dessert l’île de Nainativu.
Véro a une super trouille, parce qu’une fois au Sri Lanka on avait pris un bateau avec la moto pour s’éviter un détour par la route. C’était en 2010, à l’époque le premier ministre actuel qui était président, envoyait les Cingalais par des bus gratuits sur les plages autour de Trincomalee, pour montrer que ce pays appartient aussi aux Cingalais. On avait pris le bateau entre Mutur et Trincomalee. Le bateau était surchargé de Cingalais, de nous et de la moto et la houle était forte. C’est vrai qu’on a eu la trouille. Depuis Véro se méfie des embarcations. Elle demande à des gens qui sortent d’un bateau qui vient d’accoster si c’est sécurisé. Pas de problème pour eux.
Et puis, on vient nous chercher. On tend un gilet de sauvetage à Véro et à moi et Véro embarque. Le bateau est un ancien petit chalutier dans lequel des bancs en bois ont été installés pour les passagers. Une moto et son conducteur sont sur le pont avant. La traversée dure seulement quinze minutes. On est les seuls passagers avec un gilet de sauvetage.
Arrivés sur l’île de Nainativu, on est accueilli par un bataillon de bouddhistes de tous âges. Les locaux veulent être photographiés avec le groupe, et comme on regarde on est invité nous aussi, à venir pour figurer sur la photo du rassemblement national bouddhique. J’espère qu’en 2022 Marine en tiendra compte.
Un stupa blanc argenté est au bout de cette jetée, d’où la présence des bouddhistes en nombre.
Puis en autorickshaw on va voir Nagapooshani Amman Temple pour lequel tous les passagers traversent.
Le protocole est moins formel que celui du temple de Jaffna, je peux garder mon T-shirt et on peut photographier raisonnablement. Comme, des dieux on s’en fout, Véro peut donc photographier les familles et elle doit en échange se faire photographier avec et en tenant tour à tour les bébés dans ses bras. Malgré ses cheveux, ils doivent penser, comme beaucoup d’enfants du Sri Lanka, que c’est une bonne fée.
Retour, nouvelle traversée mais sans gilet, on est intégré.
Sur le bateau nous sommes peu nombreux et un passager touche les cheveux de Véro et lui demande s’ils sont naturels. Véro dit oui. Alors il prend une mèche de cheveux et il dit aux autres passagers que ses cheveux sont naturels. C’est comme ça, il faut accepter d’être regardé comme nous les regardons.
On débarque, on franchit la distance du ponton, et on s’arrête boire un coup chez les Suissesses du Island View.
On reprend la route de retour à travers ce merveilleux paysage qu’on a vu toute la journée, de terres bordées d’eau, de liaisons terre vers d’autres terres à la hauteur de l’eau, du bleu du ciel et de l’eau, du reflet vert de la végétation.
Des gens gentils, curieux de nous, heureux de notre présence de témoins de leur vie, témoin des mères d’enfants volés par la guerre, témoins de cette militarisation de la région onze ans après la fin de la guerre, témoins que les minorités du Sri Lanka n’ont aucun avenir ici. Pour l’ailleurs, pas de visa, pas de passeports et la mort au bout du compte comme promesse de vie. Ça me rappelle Van en Turquie, en 1990 quand les jeunes hommes Kurdes nous demandaient quel pouvait être leur avenir.
Il est des populations dont personne ne veut, sauf si à l’occasion, pour les Kurdes ils sont capables de se sacrifier contre Daesh pour notre sécurité, après, retour à l’insouciance.
A l’hôtel plein de bonnes nouvelles de Suisse concernant les adoptions au Sri Lanka entre 1980 et 1997, pour une reconnaissance de ce trafic. Ça avance malgré tous les freins des gens en place. On ne voit d’ailleurs pas pourquoi ils ont une telle attitude, ils n’étaient pas là entre 1980 et 1997. Ils doivent se prendre pour des défenseurs de la République française qui ne se trompe jamais.
Dîner au resto d’hier soir, bière et repas indien, Poulet tandoori et Nam.
Pressés comme d’habitude par le service, on leur explique que même s’ils débarrassent tout sur la table, on va rester.
On va sûrement revenir encore trois ou quatre soirs de suite, il faut qu’ils s’habituent. Déjà ce soir pour la bière, ils ont compris que c’était avant la commande.
Retour à la guest house, ce soir rien de spécial, hier soir il y avait un soldat tous les 10m avec kalache. Je ne pense que c’était pour notre arrivée.
Douche
Blog
Dodo.
Merci bcp pour ce reportage. Je voyage avec vous. Bonne route à vous deux.
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