Le désert sur la route d'Elephant Pass |
Ce matin on se met un peu au repos, lever 9h00.
On a eu l’impression d’une certaine suspicion de la part du guest à notre encontre, du fait qu’il y a des cas de coronavirus en France, comme si on risquait de les contaminer.
Les Chinois leur ont construit le port d’Hambantota et occupent le terrain parce que l’état sri lankais ne peut les rembourser. Les Chinois construisent actuellement le port de Colombo et avec tous ces Chinois il n’y a pas de coronavirus ici.
C’est possible, ou il suffit de ne pas en parler.
On part voir le petit marché de Sinnakadai, que j’ai repéré sur Google qui annonce, marché de légumes, de poissons, de viande.
On trouve et je peux me garer facilement.
On arrive dans un monde que l’on a toujours une hésitation à pénétrer. On sent immédiatement que l’on n’est pas à notre place.
Il suffit de faire le premier pas, et on est chez ces gens simples pêcheurs ou femmes de pêcheurs vendant le produit de la pêche du jour, petits agriculteurs vendant leur production. On n’est pas allé côté boucher, Véro ne supporte pas bien, il faut dire que c’est toujours très trash, quel que soit le pays.
Ces gens donc, acceptent notre présence avec curiosité et intérêt. Il n’y a aucune hostilité.
C’est l’odeur du poisson qui nous dit que nous y sommes.
A l’entrée de la halle, deux femmes découpent des poissons en petits morceaux.
Dans la halle, sur des étals de pierre, toute la pêche est étalée, tous les poissons, des raies, des crabes, des crevettes… Si un client montre des doutes sur la qualité ou la fraîcheur, le vendeur ou la vendeuse défend avec vigueur ses produits.
Côté légumes, même accueil.
On est vraiment dans le monde du petit peuple tamoul.
On est bien, mais on est aussi comme comme dans un hammam...
Direction Cargill Food City, Véro voudrait trouver de la noix de muscade en poudre. Elle en a vu au Keells d’Embilipitiya et c’est trop loin pour y retourner.
Malheureusement ce Cargill n’offre pas beaucoup de choix. Il est dans un beau bâtiment neuf, avec des boutiques à l’étage et des cafétérias au deuxième.
Le seul avantage qu’il offrait, c’est le parking gratuit. Pas tellement pour sa gratuité, plus par le fait de pouvoir garer la voiture. C’est souvent impossible à l’extérieur, parce qu’il y a des motos et des scooters partout.
On prend la direction de Vallipuram Temple qui est un temple pas très loin de là où on était hier.
Ce temple dédié à Vishnu, est perdu dans un lieu isolée et désertique entouré de dunes.
Vishnu est le dieu qui préserve l’ordre du monde. Il serait temps d’aller le réveiller, il est souvent représenté endormi, car pendant qu’il dort, il prépare le nouveau monde. Peut-être que notre Jupiter d’aujourd’hui tient un peu de Vishnu, lui aussi il serait temps qu’il ouvre les yeux.
On fait le tour. Le temple est formé d’enceintes très colorées qui protègent le sanctuaire.
Ce temple daterait du XIIIème siècle et serait construit sur les fondations d’un temple plus ancien.
On veut maintenant aller à Éléphant Pass. Le Livre déconseille la route la plus directe qui serait toujours minée.
A voir les bus et d’autres véhicules emprunter cette route on a quelques doutes sur l’actualité des informations du Livre. On demande donc aux gens qui sont là ce qu’ils en pensent. Pour eux il n’y a pas de problème. La personne qui nous renseigne connaît parfaitement la route, nous cite tous les noms de villages que nous allons traverser, et le nom de la jonction qui nous ramènera sur la grande route pour Elephant Pass.
On se lance. C’est un paysage de dunes qui me fait penser au Sud d’Arugam Bay, cette petite route que j’adore qui va à Panama et à Okanda.
On traverse aussi des zones humides, avec de l’eau qui affleure et dans laquelle se plaît une végétation très différente du Sud, la végétation tropicale a disparu. Des arbres pas très hauts et feuillus, des haies.
À côté des dunes et du sable, des espaces cultivés, des rizières sèches en ce moment.
Et comme partout dans le Nord, des vaches isolées ou en troupeaux, dans les champs ou sur la route.
Enfin Éléphant Pass, bien sûr c’est moins spectaculaire que dans nos rêves ou sur les cartes du Sri Lanka, cet étroit passage a été longtemps le seul accès par la terre.
Pour nous c’est, je l’ai déjà dit le roman, The Road from Elephant Pass. Un officier cingalais est chargé d’emmener à Puttalam une terroriste tamoule pour qu’elle soit interrogée.
Il traverse donc toute cette région de déserts, de marécages, de terres à nues, le parc national de Wilpattu. Ces territoires sont tenus par des Cingalais et des Tamouls. Ils doivent franchir ces lignes de front, ces zones de combats et je vous raconte pas la suite. Le livre n’a pas été traduit en français mais il est très lisible en anglais.
Elephant Pass, c’est tout ça, ce livre, cette guerre, notre connaissance du pays et des gens, le trafic d’enfants, la corruption des élites, et aussi un très fort sentiment pour ce beau pays.
On a réalisé aujourd’hui quelque chose qui nous tenait à cœur.
Devant la passe, un Check point.
On s’arrête parce qu’on voit un monument, un bus de touristes et une petite baraque qui pourrait être un petit resto. Il est 15h00 et notre petit déjeuner est loin.
Dans le petit resto, les passagers du bus sont tous installés sur la petite terrasse au-dessus du lagon et ils mangent leur rice and curry qu’ils ont apporté avec eux dans des feuilles de plastique.
On va voir le monument à la gloire du premier ministre actuel, président à l’époque lorsque la guerre s’est terminée dans l’horreur totale en mai 2009. Ensuite ce cher président à l’époque, premier ministre aujourd’hui a emprisonné le général qui commandait l’armée pour que la victoire ne revienne qu’à lui. Des fois, je me demande si nos diplomates en place connaissent tous les tenants et aboutissants de ce pays pour traiter avec des gens pareils. Bien sûr l’économique c’est l’important.
On vient dans le petit resto pour déjeuner, il n’y a rien sauf des rolls, sortes de nems avec une pâte à crêpes qui dissimule ce qui va vous emporter la gueule.
Ce resto est tenu par les soldats qui gardent la passe. Il y a encore des routes fermées la nuit. Ça donne une idée de la confiance.
Le soldat qui nous sert, prend des pinces pour mettre les quatres rolls dans une petite soucoupe. Pour les trois premiers ça va, mais pour le quatrième c’est compliqué pour un bidasse qui n’a jamais fait ça de sa vie. Il pose la pince et installe délicatement le quatrième sur les trois autres, avec ses doigts.
Demain sur l’île où on va aller, les soldats tiennent un hôtel.
Il faut comprendre qu’en 2009 la guerre finie, comme le premier ministre actuel avait mis le paquet sur la conscription, s’il démobilisait, le taux de chômage allait exploser, déjà que ce n’était pas brillant, ça risquait d’être très mauvais pour les élections. Il a utilisé cette main d’œuvre soldatesque pour surveiller, pour policer le pays et pour récupérer un peu de revenus des touristes plutôt que ces revenus aillent aux Tamouls.
Deux petites soldates, mignonnes et au corps parfait, chignon réglementaire viennent passer leur ennuie, mais ne veulent pas se laisser photographier.
On est installé sur la terrasse à l’ombre, côté lagon et on bénéficie de la fraîcheur de l’eau. Les restes des repas sont jetés aux poissons aux pied du ponton. On sent que notre présence apporte un peu de fantaisie. Véro demande à un soldat de nous photographier, puis il vient nous saluer parce que son service est fini et il veut se faire photographier avec moi. Les filles rieuses nous saluent aussi en partant.
L’avantage d’avoir l’armée dans ce coin perdu, c’est que la connexion au réseau est bonne.
On y va nous aussi.
On salue tout le monde. La sentinelle derrière son tas de sacs de sable nous fait signe d’une main, la kalache dans l’autre.
On roule sur Éléphant Pass. L’eau de chaque côté borde la route et la voie ferrée.
De l’autre côté une petite gare et un autre monument.
On file vers Jaffna à travers désert, rizières, pâturages, lagon.
On va boire un jus de fruit avant de garer la voiture à la guesthouse.
Puis on se pose un peu.
On va dîner un peu tard, on n’a pas pensé que c’est samedi. Le resto est plein à craquer, que des Tamouls et nous. On attend un peu, puis on peut s’installer à une table.
Le personnel est débordé, dès qu’une table se libère, elle est occupée. Des couples, des familles avec enfants, des groupes de jeunes gens qui boivent du coca et mangent avec les doigts. Des hommes plus âgés qui boivent aussi du coca dans lequel ils versent de l’arak. Un groupe d’une dizaine de femmes et enfants s’installent, commandent des noodles puis la table se vident et les noodles restent, mystère ?
On revient à la guesthouse
Douche
Blog
Dodo.