Le temple de Phu That reconstruit en 1997 sur les ruines d'un ancien stupa bombardé en 1975 |
Lever à 6h45
Dans la rue de notre balcon on voit des femmes agenouillées, puis quatre moines montent la rue et s’arrêtent en ligne devant elles et elles leur donnent des offrandes ou de la nourriture.
7h20 comme prévu, nous sommes bien à l’heure.
Les mecs de l’hôtel semblent surpris de nous voir et il y en a un qui dort encore, le tuk tuk n’est pas commandé.
Un des membres du staff part à moto chercher le tuk tuk. Je lui donne 50 000.
C’est une camionnette à touristes qui manifestement appartient à un hotel et le conducteur doit faire ça au black d’où le prix exorbitant mais qu’on ne peut pas discuter.
On roule 5 mn jusqu’à la station de bus. Le conducteur ne bouge pas son cul pour nous donner un coup de main, dès qu’on a descendu les sacs, il part.
On est bien accueillis par un Lao qui nous explique avec un peu d’anglais que le bus est à 9h et pas 8h comme on nous l’a dit.
Il s’occupe de nous, nous apporte le café qu’on a commandé. Il va nous chercher nos tickets.
Super.
Deux françaises arrivent en tuk tuk, elles aussi on leur a dit 8h.
On attend en prenant le petit dej que nous avions prévu pour le bus.
Le bus est là vers 8h30. On commence le chargement des sacs qui vont direct sur le toit.
Puis on s’installe à l’intérieur. L’heure approchant des Lao arrivent et tournent autour de nous et on a l’impression que nous avons pris l’emplacement réservé aux autochtones. On recule d’un rang et tout va mieux, ils peuvent tous s’installer à l’avant du bus. Notre bonne volonté n’est même pas remarquée. On a laissé notre bouteille d’eau sur le siège devant. Un homme jeune nous la tend, je le remercie en Lao, indifférence, j’aurai peut-être mieux fait de ne rien dire, observer une certaine neutralité.
9h précise on décolle.
Et on va rouler de vallées modestes comme celle du départ en larges vallées de cultures importantes.
Au début tous les gens que nous voyons sont assis au bord de la route devant leur maison. Toute la famille est là avec enfants et bébés, il y a même de petits cochons noirs. Des femmes se coiffent. À cette heure la vie semble se dérouler ainsi, est-ce à cause de la fraîcheur du matin ? Parce que ça caille un peu quand même.
Les maisons sont en bordure presque tout le long du trajet. Il y a encore beaucoup de maisons traditionnelles sur pilotis avec des murs en fibre de bambou ou en planches, certaines sont au bord de la ruine d’autres sont bien entretenues. Il commence à y avoir des maisons en briques ou en parpaings, certaines, rares, on des toits de tuiles, la majorité a des toits en tôle ondulée et aussi en fibrociment. Il y a aussi des maisons pimpantes qui font petit pavillon.
Quelques temples construits, toujours sur le modèle du beau temple de Luang Prabang.
Et puis les stations services étincelantes et colorées avec deux ou quatre pompes.
Le bois est encore l’énergie prépondérante pour cuire les aliments et tout le long de la route, des hommes, des femmes, des enfants transportent du bois sur leur dos, une lanière autour de leur front.
Près des maisons, beaucoup de bois est stocké comme chez nous pour le chauffage et tout le long de la route des camionnettes transportent du bois.
Le bus n’est pas plein ont fait omnibus. Le chauffeur descend, place les gens pour ne pas perdre de place, passagers contents ou non.
Grâce à ces arrêts on découvre un peu la vie des villages, on aperçoit devant leur porte des fileuses ou des tisseuses. C’est dans ces villages que se tissent les tissus qui se vendent chers à Luang Prabang au marché de nuit. Des femmes lavent du linge dans la rivière.
La vallée s’élargit et ce sont d’immenses bananeraies qui s’étalent. Il semblerait que les Chinois se sont mis à manger des bananes comme celles de France et le Laos est aussi devenu une immense bananeraie pour Chinois.
Des champs de haricots , des champs de choux, du tabac, quelques rizières en herbe, des hévéas, des champs de mais secs.
Ce voyage nous permet d’approcher visuellement le quotidien des Lao et c’est plutôt sympathique.
Grande halte technique dans une gare routière. Surprise, des toilettes à la turque sont perchée à soixante-dix centimètres du sol, auxquelles on accède par une marche, dans un espace grand comme un cabinet de toilettes.
A partir de là le bus est plein et on a même récupéré une chargée des tickets.
On ne prend plus de voyageurs mais le bus s’arrête pour charger des colis sur le toit. Des personnes arrêtent le bus pour donner au chauffeur de grandes enveloppes craft comme si c’était du courrier.
La préposée au ticket est debout parce qu’il n’y a plus de place assise. A la halte tous les locaux ont acheté de petits fruits de la taille d’une petite prune mirabelle ou qui ressemblerait à une toute petite pomme.
Le chauffeur et la préposée aussi. Pendant le trajet elle demande au chauffeur de lui passer un sac de ces fruits.
Puis elle me regarde et me fait un signe qui me demande si j’en veux. Je fais oui de la tête avec un sourire et elle m’en donne une poignée. J’en mange tout de suite, Véro aussi. C’est craquant comme une pomme, c’est frais, ce n’est pas acide, c’est bon.
Il aura fallu attendre 15 jours pour recevoir un geste de sympathie spontané de la part d’une Lao.
Je me demande donc si elle a pris un risque, quel est celui qui va la dénoncer pour geste de sympathie envers un capitaliste. Est-ce le jeune homme devant moi avec son collier en or, vrai ou faux, qui dort d’un œil depuis le départ, le Lao âgé au physique particulier avec sa casquette « Puma » pour faire diversion. Ou le chauffeur, ou elle-même car elle a l’air bien sûr d’elle, ou personne.
Ce pays silencieux et distant me contraint à la parano.
On approche de nos quatre heure de route.
La passagère Lao derrière Véro se met à vomir dans un sac plastique, c’est pratique le fait que chaque fois qu’on achète n’importe quoi, on nous donne un sac plastique... Véro a horreur du vomis des autres et là c’est juste dans son dos.
Les borborygmes stomato-vocaux terminés, le chauffeur propose de s’arrêter, lui aussi doit avoir peur pour son bus. C’est fini dit la personne, le chauffeur lui dit de jeter le sac par la fenêtre ainsi il ne risque pas de se renverser dans le bus. Aussitôt dit aussitôt fait.
Un moment plus tard nouvel arrêt et on comprend que le chauffeur doit dire à ceux qui n’ont pas payé que s’ils ne paient pas il les débarque ici en rase campagne.
La scène dure un moment avec des tons de voix agressifs. Enfin notre préposée aux tickets encaisse son dû.
Une scène similaire s’était produite en cours de route. Une femme était montée dans le bus et était descendue quelques kilomètres plus loin sans payer. Je ne sais de quoi l'a menacée la préposée aux tickets mais rapidement elle a sorti un billet de 20 000 coincé dans la bretelle de son sous tif.
C’est comme si tous ces gens pensaient que le bus était gratuit, comme si c’était un bus d’état, nous on avait bien réalisé que c’était un bus privé.
Le chauffeur était trop attentif à remplir complètement son bus.
Comment obtient-on une concession de bus privé dans ce pays ? Quelles sont les conditions ?
On arrive gare routière sud, 6 km du centre.
On laisse nos deux compagnes de voyage et leur perception extrêmement bienveillante du pays. Elles ne doivent pas avoir beaucoup voyagé ou comme aujourd’hui où elles vont reprendre un bus pour leur destination. Hier une journée de bateau aujourd’hui une journée de bus locaux qui offre un tout petit peu de contact, en fait ce qui ne change pas grand-chose sur la perception qu’on peut avoir des locaux.
Nos compagnes de route pourront dire comme beaucoup, j’ai “fait” le Laos. Elles auront surtout fait de la route avec l’excuse qu’elles n’avaient pas beaucoup de temps, elles veulent faire comme elles disent, le Sud et le Cambodge. Nous qui avons beaucoup de temps nous ne restons qu’au Nord. Donc nous ne faisons pas le Laos nous essayons simplement de comprendre ce que l’on découvre sans les à priori des guides et des agences qui ne nous font jamais voir les vrais gens, seulement ceux qui sont au service des touristes.
Elles cherchent leur bus et nous, nous avons trouvé un tuk tuk qui nous emmène en ville.
Bien sûr il ne sait pas trop où se trouve notre hôtel, mais il demande jusqu’à ce qu’il trouve. Il est gentil, serviable et l’on sent que ce n’est que la barrière de la langue qui nous empêche de communiquer davantage et le prix pour la distance est tout à fait honnête.
L’hôtel très bien, un des mieux que nous ayons eu pour le prix.
Un petit élément vexant pour un spécialiste de mon acabit, ils ont prévu la panne de la chasse d’eau en mettant à côté un grand bac rempli d’eau et une sorte de casserole en plastique pour faire office de chasse d’eau.
Je ne dis rien. Je n’en pense pas moins. Peut-être ont-ils lu le blog, on ne sait jamais avec internet.
On gère avec eux notre départ pour demain
Petit dej 7h
Tuk tuk à 8h
Départ du bus 8h30 à la gare routière du Nord qui est juste à côté.
Puis on part déjeuner et visiter la ville et ses habitants. L’intérêt c’est qu’il n’y a rien à voir selon les guides et les agences, comme si une ville n’existait pas, comme si ses habitants n’existaient pas.
Cette ville dans la décennie soixante a été rasée en partie par les bombardements américains, sa population avait eu le tort de choisir le Viêt Minh. La ville est aujourd’hui une plaque tournante grâce aux routes construites par la Chine vers la Chine, vers le Vietnam par Dien Bien Phu et vers la Thaïlande par le Mékong.
Premier restaurant sur notre route on s’installe puis on réalise que comme en Suède il faut d’abord aller commander ce qu’on veut. Véro s’y colle, la personne à qui elle s’adresse lui demande si c’est bien pour manger qu’on s’installe chez elle. Véro lui confirme. Ça ne doit pas lui arriver tous les jours de voir deux petits vieux occidentaux venir déjeuner chez elle.
On s’installe pour un moment en attendant que le soleil baisse, il est 15h on en repart vers 16h au bon moment pour la lumière. Ici les gens sont souriants et semblent contents de nous voir.
On décide de monter au petit temple qui domine la ville. On demande notre chemin à un camarade en uniforme et il est tout heureux de nous confirmer la direction. Il ne veut pas se laisser photographier par Véro.
Un temple rien de nouveau sous le soleil, on va visiter le marché. Tout le monde nous fait des sourires et pour une fois notre présence ne laisse personne indiffèrent on est visible et c’est plutôt sympa. Les gens sortent de leur indifférence bouddhique et de leur peur démocratique et populaire.
Ici les Chinois ont pris possession de la ville et on construit d’énormes maison châteaux sur deux ou trois niveaux et la façade est ornée de lanternes chinoises.
C’est de nouveau le règne des grosses bagnoles, notamment la Toyota Fortuner et ces bagnoles ce ne sont pas des hybrides. La Toyota land cruiser ou Hilux double cabine semblent petites à côté.
Le marché recèle d’une quantité de marchandises étonnante par rapport au peu de choses stockées dans les petites boutiques des villages.
Véro fait peur aux enfants qui se mettent à pleurer dès qu’ils la voient.
En revenant à l’hôtel on s’arrête à notre restaurant pour boire un jus de fruit.
18h on vient se reposer un peu avant le dîner.
Dans cette ville c’est l’occasion de rappeler que les américains ont largué sur le Laos pendant 9 ans, 1964-1973, une bombe toute les 8 mn, et il faut ajouter les produits chimiques tel que l’agent Orange qui continue à polluer le sol et l’eau, les rendant encore aujourd’hui impropre à la culture et à la consommation.
A voir à comprendre ce que ces gens ont dû endurer je m’explique mieux leur distance, pour eux nous sommes tous des Américains et ils ont aussi aujourd’hui les Chinois et les Sud Coréens pour leur manger sur la tête. Qu’est ce que le Laos aujourd’hui, j’aurais tendance à dire un pays perdu si ça n’a jamais été un pays.
Aujourd’hui on veut nous faire peur avec Trump mais c’est un enfant de chœur par rapport à ses prédécesseurs. Véro reçoit des pubs qui proposent à Luang Prabang de « Faire la visite du Bouddhisme en tuk tuk vintage ».Tout est dit sur ce pays on n’a surtout pas à connaître le reste, la vie est belle même au Laos.
Dîner dans le premier resto de la rue, du pur Lao, tout à 15 000.
Tous les gens sont surpris de nous voir entrer, façon de parler car le resto est tout ouvert sur la rue. Deuxième surprise pour tout le monde, on s’installe à une table, Véro commande deux soupes noodles et deux bières. Une fois qu’on est servi plus personne ne fait cas de nous. On est devenu des clients normaux.
Des tablées entières s’installent. Ce sont surtout des femmes et enfants ou des hommes. La mixité ne semble pas la norme.
Retour à l’hôtel il fait frais et mon rhume de cerveau n’apprécie pas, j’aurais dû mette ma polaire.
Douche chaude
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