La little star de Muang Khua |
Lever 7h
Petit déjeuner pour se nourrir.
Il ne fait pas chaud ce matin.
Le tuk tuk n’est pas là, ils nous avaient oubliés.
C’est pas grave, cinq minutes après un beau tuk tuk électrique arrive.
La gare routière pour le Nord est toute proche.
Le minibus est presque plein de Lao avec des chargements incroyables comme si ils étaient venus faire des courses en ville.
On est les seuls occidentaux.
Ça chauffe entre locaux pour trouver une place. Une femme me tape sur l’épaule pour savoir si la place à côté de moi est libre. Je lui montre Véro qui fait des photos.
Là on commence à être dans le dur du Laos.
Il est 11h30, à 2,5 km du centre tuk tuk obligatoire.
Le chauffeur a conduit comme un chauffeur de bus sri lankais à fond la caisse et je klaxonne donc je passe.
Avec pourtant deux arrêts on est allé plus vite que prévu.
Ce matin grand froid pour partir et dans le bus. C’est un peu comme au Sahara froid le matin et très chaud la journée.
Le bus n’est pas plein, il est bourré. A la sortie d’Oudom Xai, arrêt pour faire monter un enfant.
Le chauffeur seul maître à bord, vire une jeune femme assise à l’avant, la place des enfants, et y met l’enfant. Pour elle, il monte sur le toit et descend un fauteuil en plastique qui a déjà un grand vécu, le haut du dossier mangé par le temps et le blanc qu’on peut apercevoir par endroit sous les différentes couches de crasse.
Il installe le fauteuil dans l’allée en essayant d’implanter les pieds entre les sacs.
Une fois le fauteuil installé la jeune femme peut s’asseoir.
On roule sur une route qui prend rapidement de l’altitude.
Dans ces bus personne ne parle, c’est étonnant.
Sur le siège à côté, deux femmes avec des coiffes particulières qui doivent correspondre à leur ethnie. C’est apparemment la mère et la fille et un bébé. Elles s’en occupent chacune leur tour, la jeune maman pour le nourrir et la grand-mère pendant qu’il dort. Elles ne se parlent pas, ne se sourient pas. Elles font juste les gestes qu’il faut pour s’occuper de l’enfant.
L’une et l’autre font très jeunes et à la fois sans âge avec leur visage impassible.
On roule maintenant presque à plat sur un haut plateau, quelques cultures céréalières et de chaque côté de la route des rizières à sec ou en herbe.
Les villages qu’on traverse sont très différents, les uns sont modestes avec un habitat traditionnel de maison sur pilotis et aux murs en bambous tressés ou en bois, toit de tôle ou fait d’une sorte de chaume. D’autres villages semblent plus fortunés, les maisons construites en briques, en parpaings, certaines crépies, certaines peintes. Ces derniers villages ne semblent avoir gardé du passé que de petites maisonnettes en bambous sur pilotis et qui devaient ou qui doivent encore servir de greniers. Il y en a souvent plusieurs ensembles.
On remonte une petite vallée. La route est sur le flanc droit et la rivière coule à proximité.
Rien de vertigineux, la route s’est frayé un passage dans une végétation très dense. Des arbres aux troncs droits et clairs, aux feuilles grandes et arrondies bordent la route et se dégagent de la végétation en apportant un peu de lumière.
Muang La, sur la route deux français, des trekkers, arrêtent le bus.
C’est complet semble-t-il, mais non. Il suffit de vider le bus de tous les colis et notamment nos sacs. Tout est monté sur le toit, attaché. Deux places sont libérées, les Français installés. Deux autres fauteuils arrivent et sont emboîtés dans le premier. Sous la crasse et l’usure on distingue leur couleur rouge et bleue.
Les Français n’ont pas fait beaucoup cas de notre présence, pas le moindre bonjour ou hello en passant. Ils ont peut être pris le pli du pays.
Ce sont des sportifs. Il y a parmi les gens au-dessus de nous tous, les énarques et les sportifs. Le reste c’est du basique, rien de très intéressant pour ces gens.
Les Trekkers c’est encore particulier parce qu’ils ne marchent pas, ils trekkent ce qui est tout à fait autre chose. Nous on peut marcher 15 km par jour et même plus s’il le fallait, mais en fait nous ne faisons que marcher. Nous n’avons pas de belles chaussures de trek mais simplement des nus pieds confortables.
Je comprends bien que deux vieux qui venaient ainsi au bout du monde, ça ne pouvait que dévaloriser leur performance.
En plus ils sont emmenés en trekkant dans des villages ethniques et on leur montre la vraie vie de ces ethnies et ils le croient.
On continue notre route puis on fait un arrêt technique. Loin de tout, les prix diminuent, les gens ne semblent plus incapables de dire quelques mots d’anglais. C’est l’inverse de ce qu’on connaît chez les capitalistes.
Le chauffeur, comme hier, recadre les mauvais payeurs et profite de cet arrêt pour livrer son lot de fauteuils, qu’il pose empilés prêt d’une maison. Apparemment c’était une commande.
Reprise de la route et arrêt au milieu de nulle part, on nous apprend qu’on est arrivé et que le village de Muang Khoua est à 2,5 km.
Nous les vieux on demande tout de suite à un tuk tuk de nous emmener. Les trekkers se disent qu’ils vont le faire à pied. Puis finalement comme le tuk tuk va partir, l’un dit je l’aurais bien fait, mais la chaleur est trop forte.
Les pauvres chéris.
Dès que nous arrivons sur la place du village en face du seul bistrot restaurant, des français nous demande si nous venons ici pour passer au Vietnam. Ils cherchent des clients pour chartériser un bus car le bus qui fait le Vietnam ne fonctionne pas à cause du nouvel an vietnamien. Véro demande s’ils font grève ?
On trouve facilement notre guest house. Il y a la rue des voitures et celle qui descend au port, car cette petite ville est qualifiée de port fluvial. Elle est construite au confluent de deux rivières, la Nam Ou et la Nam Pak. La Nam Ou, on a déjà remonté son cours avec la moto, juste avant qu’elle ne se jette dans le Mekong.
Le guest house est sur la route qui descend au port.
C’est bien pour une nuit.
On s’installe et on va déjeuner. Même restau sur la place, même Français qui insistent, si jamais nous rencontrons des gens qui veulent aller au Vietnam par Dien Bien Phu, départ demain matin 7h.
Dien Bien Phu, c’est tentant parce que c’est notre histoire. Ça me rappelle que lorsque nous étions allés à Berlin nous avions fait étape chez des amis Allemands qui ne comprenaient pas pourquoi nous allions à Berlin, ils ne comprenaient pas que c’était aussi notre histoire. Comme tous les gens standardisés, ils s’en tenaient aux livres d’histoire.
Mais on n’a plu le temps pour Dien Bien Phu, pourtant en tant que Français on pouvait passer sans visa, comme pour Waterloo.
Retour au guest house pour nous reposer. La chaleur est maintenant devenue insupportable.
Vers 15h00 on fait le tour du village bien qu’il fasse encore chaud.
On va au pont suspendu c’est la seul chose à voir ici. Rien de bien particulier. Réservé aux piétons, il est suspendu, fait de planches de bois rafistolées par endroit, il bouge un peu lorsqu’on est au milieu, un léger roulis et ce n’est pas particulièrement vertigineux. Bof !
Les enfants, des garçons nous insultent, disent des paroles qui font éclater de rire toute la meute.
On monte au siège du parti qui domine toute la ville et dont la route est balisée de fanions multicolores et aussi du drapeau du Laos et de celui, très important ici, du drapeau rouge avec faucille et marteau.
On n’est pas reçu, à l’extérieur des photos montrent les réalisations du parti.
On redescend et on découvre au milieu de la route un énorme camion rouge, volume double Decker anglais mais avec un seul niveau. Identifié sur sa carrosserie comme « ROTEL »
Le camion recule pour entrer dans la cour du seul grand hôtel.
On voit très bien derrière la cabine du chauffeur, une partie passager comme un bus normal et derrière une partie chargement entièrement close. Ces deux parties sont exactement de même longueur mais la dernière partie est plus volumineuse.
En nous approchant on voit sur la plaque minéralogique le petit rectangle bleue qui caractérise les immatriculations européennes.
On suit donc la manœuvre et on entre nous aussi dans la cour de l’hôtel.
La plaque nous indique que ce camion est immatriculé en Allemagne.
Les passagers descendent, mais aucun n’a de bagages.
Une fois la cabine vidée, le chauffeur et plusieurs passagers s’occupent à ouvrir un côté de la partie chargement. On pense que c’est pour sortir les bagages.
Pas du tout la porte est ouverte et retenue à l’horizontale par des tréteaux que d’autres ont montés.
Autour de cette sorte d’espace qui fait comme une scène, une grande bâche est tirée pour en faire un espace clos.
Un escalier métallique est déplié sur le côté qui permet d’entrer dans cet espace clos.
Une des voyageuses nous voyant curieux de tout ça, s’approche de nous. Elle est française et vit en Allemagne. Elle nous explique que ROTEL existe depuis 75 ans en Allemagne. Ces énormes camions ont fait le Sahara, l’Amérique du Sud et tous les pays allant de la Turquie, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Inde.
Pour ce voyage les passagers sont venus par avion d’Allemagne au Cambodge où le camion les attendait pour visiter le Cambodge et le Laos.
Le camion est équipé pour qu’ils puissent dormir, se laver, se nourrir. Ils peuvent parfois dormir à l’hôtel, ou près d’un hôtel comme ce soir pour bénéficier de l’électricité de l’hôtel ou en rase campagne, le camion est autonome.
Chacun a une petite cellule pour ses affaires et pour dormir.
Il peut y avoir jusqu’à une trentaine de passagers et dans ce voyage il y a tous les âges, d’assez jeune à très vieux.
On se dit qu’il n’y a que les Allemands et leur discipline pour faire un truc pareil. La jeune femme qui nous parle pense que non. Mais elle vit en Allemagne.
On la laisse à ses espoirs mais des jeunes auraient vite fait de picoler, de faire la fête, de draguer, à mon avis.
ROTEL n’est vraiment connu que par le bouche à oreille, leur site n’est qu’en Allemand et ils ne sont qu’une centaines de salariés avec les chauffeurs et les guides qui sont Allemands.
On fait un tour au marché qui est le lieu qui parle le mieux des habitants. Toujours énormément de légumes et d’herbes aromatiques.
Mais aussi de la viande, des poissons, des anguilles peut-être et une petite fouine toute dépecée et entière de son museau pointue à sa longue queue.
Un stand assez grand sur lequel il semble être mis tous les abats d’un animal volumineux.
C’est un peu difficile pour nous occidentaux d’aujourd’hui mais au moins ça prouve qu’ils tuent un animal et qu’ils n’en gaspillent rien. Ils n’en passent pas la plus grande partie pour en faire des croquettes.
Vero achète des tissus. La marchande est indifférente.
On va boire une bière dans un petit bistrot qui a une terrasse sur la rivière.
On voit arriver les Bretons de l’autre jour qui ont l’air terriblement fatigués.
Ces gens sont partis dans la nuit pour un voyage en bus pour Luang Nam Tha. On leur avait vendu une arrivée vers 7h du matin et ils sont arrivés à 3h du matin au milieu de nulle part nous disent ils. En effet les gares routières sont toujours à l’extérieur des villes. Seuls, sans tuk tuk, sans hotel...
Aujourd’hui il devait prendre un bus direct pour ici, mais compte tenu du nouvel an chinois, les chinois et les vietnamiens ont squatté tous les bus. Ils ont donc dû changer de bus à Oudom Xai où nous étions hier et prendre un bus qui les amène seulement à 17h00 aujourd’hui.
Ils ont leur dose.
Mais lui se plaint de ne pas avoir comme nous une chambre qui donne sur la rivière. Alors que nous, nous n’en n’avons rien à foutre, une chambre c’est fait pour dormir, c’est surtout l’équipement de la chambre qui est important, on ne vient pas jusqu’ici pour regarder la rivière par la fenêtre de sa chambre.
Dîner au petit resto de midi inévitable noodles soupe qui me fait du bien à la gorge, circuit normal du rhume.
A la table à côté, il nous semble que des gens parlent espagnol, mais pas un espagnol d’Espagne.
Retour à la chambre, ça caille quand même dehors.
Douche tiédasse
Blog
Dodo.
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